ASSISSTANCE AUX BELGES D’ASIE ORIENTALE
Annexe 3 à la circulaire II, du 6/2/1944
Copie d’une lettre adressée par le Comité International de la Croix Rouge, Genève, 29 novembre 1943, à la Croix Rouge de Belgique, et communiquée par celle-ci sous date du 1/2/1944.
Objet :
civils belges internés au camp de Weihsien près de Pékin.
Pour faire suite à la correspondance que nous avons eue avec vous au sujet des civils belges internés en Extrême-Orient, nous avons l’honneur de vous communiquer aujourd’hui quelques renseignements qui nous sont parvenus de notre délégation à Shanghai au sujet des belges détenus dans ce camp de Weihsien.
Ces ressortissants belges comprennent 19 hommes, 13 femmes et 10 enfants. Ils sont logés dans les bâtiments d’une ancienne mission presbytérienne américaine, qui offre des locaux spacieux au milieu des arbres. La situation générale des internés parait bonne. Ils ont exprimé leur satisfaction au sujet de la nourriture, qui leur est fournie par les autorités et qu’ils préparent eux-mêmes. Les soins médicaux sont donnés à l’hôpital par 11 médecins et chirurgiens internés et les cas graves sont envoyés dans les hôpitaux de Pékin. Des soins dentaires et ophtalmologiques sont assurés. La santé des internés est en général, bonne. Enfin, des services religieux sont donnés par les missionnaires protestants et catholiques et des classes d’études sont dirigées par des professeurs qualifiés ;
D’autre part, nous avons reçu également des renseignements sur des missionnaires catholiques qui vivent à Pékin retirés dans 9 maisons de retraite religieuses. Parmi eux se trouvent 157 hommes belges et 40 religieuses de même nationalité. Ils se trouvaient auparavant internés au Civil Assembly Center de Weihsien et ont été transférés au mois d’août à Pékin où ils peuvent vivre ensemble et avoir libre contact avec des missionnaires de nationalité non ennemie.
Ils bénéficient d’une assez grande liberté, vivent dans des locaux confortables et ont eux aussi des soins médicaux suffisants.
Ces missionnaires se sont montrés heureux d’avoir pu quitter Weihsien et de pouvoir, dans leu lieu de retraite actuel, mieux poursuivre leur vie religieuse et leurs études.
Nous espérons que ces quelques renseignements ont pu vous intéresser et vous prions d’agréer ------ etc. ---
Pour le Comité International de la Croix Rouge
Division des prisonniers civils et internés
(signature) ---------
Division des prisonniers civils et internés
(signature) ---------
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ASSISSTANCE AUX BELGES D’ASIE ORIENTALE
Circulaire n° 11 : 10 février 1944
1
NOS CIRCULAIRES.
La circulaire n° 10 n’a été tirée qu’en un petit nombre d’exemplaires, elle était destinée aux membres éventuels du Comité.
2
CHINE DU NORD .
Camp de Weihsien. Nous venons de recevoir de Genève la liste des Belges internés à Weihsien. Nous le reproduisons à l’annexe n°1. Cette liste remonte apparemment au mois de juillet 1943 , elle porte 230 noms. Ultérieurement, ce nombre est tombé à 42, voir annexe n°3. Un message privé veut qu’il soit actuellement de 75.
Cette annexe n°3 est la copie d’une lettre de Genève, en date du 29/11/1943 ; elle donne d’intéressants renseignements sur les conditions qui règnent à Weihsien et aussi sur le sort fait aux 157 missionnaires et aux 40 religieuses belges qui ont reçu l’autorisation de quitter Weihsien pour aller habiter Pékin. Nos propres listes indiquent, pour la Chine du Nord et pour la Mongolie intérieure (non compris le Jehol, rattaché par les Japonais à la Mandchourie) un total de 225 missionnaires et religieuses belges. L’annexe 1 indique seulement 197.
L’annexe 3 indique aussi 197.
Cela pourrait signifier que plus de 25 missionnaires et religieuses ont été laissés à leur poste. De fait, nous avons appris que quatre religieuses avaient reçus permission de rester au travail à l’hôpital général de Suiyüan.
En dehors du Camp de Weihsien, il y a aussi, dans le nord, le camp de Chefoo, où il y a notamment une femme belge dont le mari est chinois (Mme Ho Fang Li, née Dekeyzer).
3
CHINE CENTRALE
Camp de Shanghai. Nous avons aussi reçu de Genève la liste des belges internés dans le différents camps de Shanghai et la reproduisons à l’annexe n°2. Cette liste porte 55 noms.
4
HONG KONG
Une lettre de Genève, 20/12/1943, contient les détails suivants :
Les internés civils du Stanley camp reçoivent journellement :
- riz | 240 grammes |
- farine | 120 grammes |
- viande ou poisson | 100 grammes |
- huile commestible .... | 6 grammes |
- légumes | 200 grammes |
- sucre | 9 grammes |
- sel | 9 grammes |
Les ventes de la cantine, dans le même camp, ont représenté pendant les mois d’août à octobre, les moyennes mensuelles suivantes, en livres anglaises :
- légumes, surtout fèves et petits pois | 2500 lbs |
- viande en boites | 200 lbs. |
- fruits frais | 9000 lbs. |
- sucre et condiments .... | 4500 lbs. |
- divers | 7000 lbs. |
- oeufs | 6000 lbs. |
Un service de colis hebdomadaire fournit à l’ensemble des internés environ 9000 lbs de vivres, la plupart en conserves.
Enfin, le délégué du C.I.C.R. a, en septembre et octobre, livré au camp un total de 17000 lbs de fèves, pois, blé, graisses et mélasses.
Le Stanley camp de Hong Kong compte 2500 internés.
5
INTERVENTION DE LA PUISSACE PROTECTRICE,
Renseignements extraits d’une lettre de Genève, 13/12/1943
Les belges internés à Shanghai, 25 hommes, 18 femmes et 14 enfants, reçoivent chacun par l’intermédiaire du Consulat de Suède, une allocation de secours mensuels de 1100 dollars chinois. De plus, le Consulat de Suède paie les frais d’hospitalisation des internés malades. Certains internés reçoivent des colis de la part de leurs amis habitant Shanghai. D’autres, qui n’ont pas de contact personnel à l’extérieur du camp, reçoivent des colis de vivres qui sont des dons de la Société belge de bienfaisance.
La communauté belge de Hong Kong comprend 26 membres, dont 9 sont internés au Stanley camp, un est prisonnier de guerre et 15 ne sont pas internés. La communauté reçoit, par l’intermédiaire de la Légation de Suède, une allocation mensuelle totale de 2500 yens. Chaque interné ainsi que le prisonnier de guerre, reçoit 25 yens en espèces et 50 yens sous forme de colis de vivres par mois. Les fonds qui restent sont répartis entre les belges non internés.
La situation est satisfaisante et les allocations adéquates.
6
ENVOIS DE SECOURS.
Les renseignements reproduits ci-dessus ou bien à l’annexe 3 peuvent être considérés comme rassurants. Les congrégations religieuses, les sociétés, les familles, n’en ont pas moins le désir de faire tenir à tout le moins un colis aux compatriotes qui se trouvent là bas. Nous avons donc particulièrement étudié la question des possibilités qui s’offrent en ce domaine.
Au sujet de l’envoi de colis, le C.I.C.R. écrit ce qui suit, sous date de Genève 18 novembre (lettre à nous communiquée le 22/2/1944) :
Il n’est pas possible d’envoyer des colis de Genève, les administrations postales n’acceptant à destination d’Extrême Orient que des lettres et cartes. Des secours n’ont pu être apportés aux prisonniers de guerre et internés civils que de deux façons. D’une part par des achats effectués sur place par nos délégués à Shanghai, à Hong Kong, ou au Thailand ; d’autre part en profitant des bateaux qui en 1942 et 1943 ont procédé à l’échange de civils rapatriés. C’est ainsi qu’en 1942 quatre mille tonnes environ de marchandises ont pu être envoyées. En 1943 le récent échange a permis d’expédier 2500 tonnes et un nouvel échange est prévu.
Pour ce qui est des achats à faire sur place, il est indispensable, pour organiser toute action, de connaître les besoins réels des belges internés ; nous avons donc câblé à nos délégués à Shanghai, Hong Kong, Bangkok, en leur demandant des précisions à ce propos. Nous ne manquerons pas de vous faire connaître la réponse. Nous soulignons encore une fois que la seule façon dont nous puissions faire parvenir des fonds à ces délégués est l’envoi à partir de Genève de francs suisses.
Pour ce qui est des achats à faire sur place, il est indispensable, pour organiser toute action, de connaître les besoins réels des belges internés ; nous avons donc câblé à nos délégués à Shanghai, Hong Kong, Bangkok, en leur demandant des précisions à ce propos. Nous ne manquerons pas de vous faire connaître la réponse. Nous soulignons encore une fois que la seule façon dont nous puissions faire parvenir des fonds à ces délégués est l’envoi à partir de Genève de francs suisses.
7
ENVOIS DE FONDS.
Comme il est très difficile de trouver en Belgique des francs suisses libres et que nous pourrions de toute façon les obtenir qu’en très petite quantité, nous avons étudié les autres possibilités de transférer les fonds en Asie Orientale.
La question se complique toutefois du fait que «les arrangements pris entre le Comité International de la Croix Rouge et les autorités japonaises interdisent l’emploi de fonds trouvés sur place en Extrême Orient pour les besoins de secours. Tous les fonds doivent parvenir d Genève en francs suisses. Cependant, si la Croix Rouge de Belgique, éventuellement par l’intermédiaire de la Croix Rouge allemande, peut obtenir l’agrément des autorités japonaises pour l’emploi de yens bloqués au Japon, et si ces yens peuvent être transférés à Yokohama avec l’accord des autorités japonaises, le Comité International de la Croix Rouge se chargera volontiers de leur retransmission aux délégations qui seront en mesure de faire des achats».
Ceci ressort d’une autre lettre de Genève, 18/11/1943, à nous communiquée le 2/2/1944.
Nous avions le 30 octobre, introduit une demande près de l’Office de compensation pour obtenir la permission de recourir Clearing belgo-allemand, puis au clearing germano-japonais. Il nous a été répondu à la mi-janvier que la chose n’était pas possible. Nous étudions présentement les possibilités qui s’offrent par une autre voie. Des démarches sont en cours et nous espérons bien qu’elles finiront par donner un résultat. En ce domaine comme en tous les autres, nous avons le très obligeant concours du Comité International de Genève, de la Croix Rouge de Belgique et de la Croix Rouge allemande.
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NOUVELLES PERSONNELLES,
Des messages que quelques familles ont bien voulu nous communiquer, nous extrayons les nouvelles suivantes :
De Tientsin, un belge non interné écrit : matériellement, nous n’avons pas à nous plaindre, la nourriture est toujours variée et abondante, les prix toutefois ont fortement haussé. Nous attendons d’un moment à l’autre l’ordre de rejoindre un camp d’internement. Tous nos compatriotes qui ne faisaient pas partie du personnel des tramways sont internés depuis le printemps, sauf tel et tel ménage. De Shanghai, nous apprenons que Monsieur Franck et sa famille et que Monsieur J. Lafontaine et sa famille occupent la même chambre, au camp de Yu Yuen road, 404. Comme cette adresse est celle de l’ancienne Public School for girls, du Shanghai Municipal Council, nous supposons qu’il s’agit de salles de classe.
De Hong Kong, un de nos compatriotes écrit : “All well, best of health and mind. Since six weeks stopped going office. Weeks fly quickly. Go down town once or twice a week.” Ce qui donne à supposer que nos compatriotes en cette ville ont été autorisés à se rendre pendant tout un temps à leur bureau, pour aider sans doute à la liquidation des affaires par le séquestre japonais.
Un agent des charbonnages Kailan écrit : nous sommes toujours au travail mais nous sommes les seuls ; tous les belges des autres entreprises en Chine sont sans emploi. La plupart sont réunis dans des Civil Assembly Centres. La vie est difficile à cause de la cherté. Les souliers qui se payaient jadis 15$ coûtent à présent 150 à 200$ ; un poulet coûte 12$ au lieu de 1,5cents; la farine coûte 150$ le sac au lieu de 5$; les appointements sont restés les mêmes. Les dernières nouvelles reçus de vous datent d'août 1941.
9
PHILIPPINES, MALAISIE, INDES NEERLANDAISES etc.
La Croix Rouge allemande nous dit que pas plus que le Comité International de la Croix Rouge, elle n'est présentement à même de nous renseigner sur les Philippines, Malaisie, Indes Néerlandaises, etc. ….
10
CORRESPONDANCE.
Nous attirons tout particulièrement l'attention des familles sur ce que nous écrit la Croix Rouge de Belgique, sous date du 4 février 1944:
Primo : lettre du 3/01/1944 de Comité International de Croix Rouge à la Croix Rouge de Belgique :
«
La réglementation édictée par les autorités japonaises pour la correspondance adressée aux prisonniers de guerre et internés civils en leur pouvoir limite à 25 mots la longueur des lettres que les prisonniers de guerre et internés civils en Extrême Orient peuvent recevoir et stipule que ces lettres doivent être soit tapés à la machine, soit écrites en caractères majuscules.
Pour les prisonniers de guerre et internés civils que l'on présume être détenu par le Japon mais dont les noms n'ont pas encore été communiqués, les lettres peuvent être adressées par l'intermédiaire du Comité International de la Croix Rouge à la Croix Rouge japonaise. Pour ceux dont les noms sont connus, mais dont on ignore l'adresse de camp, c'est le bureau officiel des prisonniers de guerre (Huryohokyoku) qui se charge également par l'intermédiaire du C.I.C.R. de la transmission.
»
Secundo : lettre du 14/01/1944 du C.I.C.R. à la Croix Rouge de Belgique :
«
Nous venons de recevoir de notre délégué à Shanghai certains renseignements sur les prescriptions qui régissent la correspondance des personnes détenus dans les Civil Assembly Centers de la région de Shanghai.
Les autorités japonaises ne considèrent pas ces personnes comme ayant le statut d'internés. En conséquence, elles n'ont pas droit à la franchise de port, mais doivent utiliser les formulaires de messages civils pour correspondre avec les pays ennemis du Japon, et ces formulaires doivent être affranchis. D'autre part, les messages qui sont envoyés aux occupants des Civil Assembly Centers doivent également être établis sur les mêmes formulaires et doivent avoir payé les frais de port. Monsieur Egger nous signale que, pour les civils, comme pour les prisonniers de guerre de nombreux camps, un seul message ou une seule lettre peuvent être reçus par mois.
»
De quoi il semblerait résulter que les messages rédigés sur formules de Croix Rouge devraient être affranchis. La Croix Rouge de Belgique ne peut pour le moment que nous communiquer le texte de la lettre, tel qu'elle-même l'a reçu, mais elle va demander à Genève, quelle est l'interprétation à donner. Dans l'entretemps, elle conseille aux familles de continuer à procéder comme par le passé.
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COMPTABILITE.