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Le père Emmanuel Hanquet écrit:

LES ITALIENS ARRIVENT,

Traduction par: "Google translate"

Pendant quelques semaines déjà, vers la fin de l'année 1943, nous avons appris l'arrivée imminente d'un nouveau groupe de prisonniers sans connaître exactement leur identité.

Les Japonais devaient leur faire de la place et avaient déjà vidé toutes les pièces (bloc 43) situées le long du mur nord, pas très loin de la salle des gardes près de l'entrée ainsi que d'un bloc plus important , le n° 44 et la cuisine III. La totalité de la zone ainsi délimitée était déjà sécurisée par des murs de briques intérieurs. Il ne restait plus qu'à fabriquer deux portes pour verrouiller l'accès, travail effectué rapidement par les Japonais.

Nous avons vite su que les arrivées prévues dans notre complexe seraient un groupe de cent Italiens de Shanghai.

Rappelons-nous qu'à cette époque, les Italiens avaient capitulé en Europe et qu'ils ne faisaient plus partie de l'Axe. En outre, leurs intérêts économiques à Shanghai étaient énormes (affaires immobilières, sociétés de navigation, banques, etc.) et, en internant les dirigeants et propriétaires de sociétés italiennes, les Japonais pouvaient reprendre ces intérêts pour le compte de leur empereur, Hirohito.

Le grand dilemme pour nous était: quel comportement choisirions-nous d'avoir vis-à-vis de nos nouveaux voisins et que nous devons également admettre: nos anciens «ennemis».

Nous étions déjà derrière les murs depuis 9 mois maintenant, et il était important, croyions-nous, de ne pas nous distinguer, car ils étaient prisonniers, tout comme nous.

Nous avons donc rapidement décidé de les accueillir et de les aider à s’installer dans leurs nouveaux locaux. Le soir venu, ce jour-là, le père Palmers et moi-même avons sauté par-dessus le mur (qui n’était pas aussi haut que les murs-frontières du camp) et avons établi nos premiers contacts avec le plus âgé d’eux. C'est ainsi que nous avons rencontré le Tavella. Il était un banquier important à Shanghai et son épouse était de naissance américaine. Elle appartenait à la famille Gervasi, d’origine belge, le Rocco, avec leurs trois ou quatre enfants et quelques autres familles.

Tous ces gens étaient habitués à la vie facile avec du personnel domestique chinois et semblaient être complètement impuissants face à leur situation actuelle. Nous avons essayé de les aider du mieux que nous pouvions avec notre expérience de prisonniers «âgés» et avons construit pour la famille Travella, le même soir, un petit réchaud en briques juste à l'extérieur de leur cellule de prison afin qu'ils puissent commencer à cuire leurs nombreuses provisions et de conserves soit, la nourriture qu'ils ont apportée avec eux dans leurs bagages. Le premier article qui a bénéficié du réchaud en briques, le deuxième soir, était une boîte de café moulu Maxwell. Ils ont insisté pour nous faire goûter le bon café qu'ils avaient apporté avec eux. Comme nous n’avions pas bu de café depuis le début de notre emprisonnement à Weihsien, nous sommes devenus très vulnérables à la caféine et c’est pourquoi nous n’avons pas dormi du tout cette nuit-là après notre retour dans notre logement situé dans le bloc 56.

Quelques semaines ont passé et le commandant japonais a finalement donné l'autorisation d'ouvrir les deux portes communiquant avec le reste de l'enceinte. Les prisonniers italiens étaient si reconnaissants de ce que nous avions fait pour eux qu'après la guerre, nous avons reçu une lettre du ministère italien des Affaires étrangères nous remerciant de ce que nous avions fait.

Louvain-La-Neuve, le 6 janvier 2003
Père Hanquet.




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